L’assistance médicale à la procréation
L’assistance médicale à la procréation (AMP ou PMA) désigne l’ensemble des procédés médicaux qui permettent la fusion d’un ovule et d’un spermatozoïde. Parmi eux, la fécondation in vitro (FIV) représente 63% des tentatives. Techniques, étapes, délai, réussite, échec, grossesses multiples, prix : l’essentiel à savoir.
Définition : c’est quoi une FIV ?
La fécondation in vitro, encore appelée FIV, consiste à reproduire la fécondation d’un ovule par un spermatozoïde pour obtenir un embryon, en laboratoire, lorsque celle-ci ne se fait pas naturellement. Elle se pratique hors du corps de la femme, c’est-à-dire in vitro, à l’aide d’une éprouvette en matière synthétique à usage unique et dans des milieux de culture dont la composition est proche de l’environnement naturel des trompes. Le premier enfant conçu par FIV en France est né en 1982.
La FIV ICSI
L’ICSI ou injection intracytoplasmique de spermatozoïdes est apparue en 1992 pour traiter des cas de stérilité masculine. Elle consiste à rechercher des spermatozoïdes de grande qualité grâce à une présélection effectuée avec un microscope de haute résolution permettant d’observer des anomalies fines de morphologie, avec un grossissement de 6.600 fois alors qu’il est classiquement de 300 fois. La sélection d’un seul embryon transféré de qualité suffisante sélectionné selon des critères spécifiques est proposée chez les femmes de moins de 36 ans permettant une diminution de grossesses multiples et de leurs complications. Cette décision dépend de l’âge de la patiente, du rang de tentative de procréation médicalement assistée et de données cliniques.
La maturation in vitro (MIV)
Contrairement à une fécondation in vitro classique ou les ovocytes sont recueillis à un stade mature, la technique de maturation in vitro utilise des ovocytes immatures. La fin de la maturation est effectuée in vitro par le biologiste. En France c’est en 2003 que René Frydman a donné naissance au premier bébé conçu par MIV.
Déroulement : les étapes d’une FIV
Stimulation ovarienne
Le déroulement d’une fécondation in vitro doit suivre plusieurs étapes. Dans un premier temps, on pratique une stimulation ovarienne. Les traitements de stimulation ovarienne permettent de stimuler l’ovulation afin d’obtenir une maturation suffisante de plusieurs follicules dans les ovaires puis de prélever plusieurs ovocytes mûrs afin de permettre leur fécondation. Des dosages sanguins hormonaux sont effectués chaque jour, dans un même laboratoire de référence, afin d’évaluer la qualité de la sécrétion hormonale des follicules. Une échographie permet de surveiller la réponse au traitement et de contrôler la croissance folliculaire.
Stimulation ovarienne : effets secondaires, prix, comment ça se passe ?
Des difficultés à ovuler ? La stimulation ovarienne aide à obtenir une ovulation régulière grâce à un traitement hormonal, ce qui permet d’avoir un enfant naturellement, mais aussi à contrôler le cycle ovulatoire pour récolter un maximum d’ovules en vue d’une insémination artificielle. Indications, protocole, déroulé… Explications du Dr Montagut, médecin biologiste.
Maturation des follicules
La deuxième étape est le déclenchement de la stimulation. Il s’effectue lorsque le nombre et la taille des follicules sont satisfaisants et les dosages hormonaux suffisants. Une injection d’hormone HCG est alors effectuée 34 à 36 heures avant la ponction d’ovocytes. Le médecin repère les follicules mûrs lors de l’échographie et en aspire leur contenu, à l’aide d’une aiguille placée dans le vagin en direction des ovaires.
La ponction des follicules et le recueil du sperme
La troisième étape est la ponction des follicules. Elle s’effectue au cours d’une hospitalisation de quelques heures sous anesthésie locale ou générale. Les follicules sont ensuite conservés dans un milieu de culture. 5 à 10 ovocytes sont recueillis et conservés dans un incubateur à 37 degrés. Le sperme du conjoint est recueilli le jour de la ponction des follicules. L »utilisation du sperme du conjoint préalablement congelé ou du sperme d’un donneur est également possible.
Fécondation du sperme et de l’ovule
Enfin, la quatrième étape est la fécondation in vitro. Le sperme est traité afin de recueillir les spermatozoïdes les plus fécondants. Les ovocytes et les spermatozoïdes sont placés dans un milieu de culture favorable à leur survie et déposés dans l’incubateur à 37 degrés.
Transfert dans l’utérus
Deux à six jours après l’incubation, l’oeuf fécondé devient un embryon qui peut être transféré dans l’utérus. On obtient plusieurs embryons. Le nombre d’embryons transférés dépend de l’âge de la femme et des stratégies de prise en charge propres aux centres de PMA. Il a diminué au cours des dernières années pour réduire le nombre des grossesses multiples et les complications maternelles et fœtales associées. Le transfert d’un seul embryon est passé de 34% des cas en 2012 à 42,3% en 2015. Les autres embryons peuvent être congelés pour plus tard.
Un couple est considéré comme infertile s’il n’a pas pu concevoir d’enfant après 12 à 24 mois de tentatives sans contraception (Inserm)
Pour qui ?
La fécondation in vitro est généralement indiquée en cas d’échec de l’insémination artificielle, d’altération des trompes (trompes bouchées, altérées ou absentes), d’endométriose, d’infertilité masculine, de mauvaise pénétration des spermatozoïdes dans la glaire cervicale ou encore de séquelles de grossesse extra utérine, d’intervention chirurgicale ou d’infections. Une FIV peut aussi être proposée en cas de syndrome du distilbène ou de stérilité d’origine inconnue.
Conditions
En France, l’assistance médicale à la procréation est soumise à plusieurs conditions.
- Elle est réservée aux couples hétérosexuels, en âge de procréer, qui n’arrivent pas à concevoir un enfant naturellement pour des raisons médicales.
- Il est également nécessaire de justifier d’une vie commune depuis au moins deux ans.
- Il faut être en âge de procréer et les deux partenaires doivent être vivants au moment de la FIV.
- Au cours de l’entretien préliminaire, le médecin doit notamment détailler la technique, prévenir des chances de succès et des possibilités d’échecs, aborder le sujet des alternatives à la fécondation in vitro, en particulier l’adoption, obtenir le consentement écrit des deux futurs parents et leur faire remplir une demande d’entente préalable avec la sécurité sociale qui accepte la prise en charge de quatre FIV par couple.
FIV et grossesses multiples
Le risque de grossesse multiple est plus élevé en cas de FIV car plusieurs embryons sont implantés dans l’utérus. Les grossesses gémellaires sont plus fréquentes que dans la population normale. On peut également observer la naissance de triplés. Les couples doivent être prévenus de cette éventualité à l’avance car les grossesses multiples représentent des grossesses à risque.
Taux de réussite
Les chances de réussites sont variables et s’élèvent en moyenne à des valeurs avoisinant 22% par cycle. Elles varient notamment en fonction de l’âge et ne sont plus que de 12% à 38 ans, 9% à 40 ans et 6% à 42 ans. Concrètement, un taux de réussite de 20% signifie qu’une femme a 20% de probabilité de mettre au monde un enfant après une FIV classique. Le taux de réussite global augmente à force de répéter les tentatives de FIV, jusqu’à 4 à 6 tentatives. Trois grossesses sur 4 intervenant après une FIV conduisent à un accouchement. Dans plus de 3 cas sur 4, la mère accouche d’un seul enfant et dans environ 22% des cas, elle accouche de jumeaux. La moyenne de réussite pour parvenir à une grossesse se situe à la 4e FIV pour une femme âgée de moins de 40 ans.
Selon l’Agence de la biomédecine, 24 839 enfants sont nés par procréation médicalement assistée, en 2015. soit 3,1 % des enfants nés dans la population générale cette même année (36% par FIV avec ICSI, 17% par FIV classique, 25% par insémination artificielle et 22% par transfert d’embryons congelés). Les fausses couches spontanées ont eu lieu dans 19% des cas.
Causes des échecs
Les causes d’échec le plus fréquentes sont l’absence d’ovocyte lors de la ponction ovarienne, la mauvaise qualité des ovocytes recueillis, ainsi qu’une réponse des ovaires insuffisante ou trop élevée lors de la stimulation hormonale. L’absence de fécondation, l’arrêt de la division des cellules ou l’absence d’implantation des embryons dans l’utérus peuvent également expliquer l’échec d’une FIV.
Délai entre deux FIV
Le délai le plus courant entre 2 FIV est de 6 mois, ce qui correspond à deux tentatives par an environ. Le délai le plus court est d’environ de 2 à 3 mois. Ce délai est encore plus court pour les femmes ayant plus de 38 ans. Le délai est plus long pour les femmes jeunes. Les délais varient également selon l’activité des centres. Certains centres peuvent avoir des délais de 1 an ou un peu plus. Le délai classique entre deux tentatives d’IAC est de 1 à 3 mois.
Prix et prise en charge
Plus d’une centaine de centres cliniques et biologiques sont aujourd’hui autorisés par l’Agence de Biomédecine à avoir une activité de FIV. Les FIV sont prises en charge par la Sécurité Sociale jusqu’au nombre de 4. Le coût moyen d’une FIV pour la CPAM est d’environ 4000 euros, ce montant comprenant à la fois les analyses, l’hospitalisation et la surveillance. Il faut noter que si une grossesse arrive à son terme après une FIV, un couple peut bénéficier à nouveau de 4 nouvelles tentatives.
Source : Santé.journaldesfemmes.fr